Auteur
Éric Robitaille
Université Laval
Résumé court
Durant la session d’hiver 2014, une équipe de la faculté de sciences et génies de l’Université Laval, a mis sur pied un logiciel mentor afin d’accompagner les étudiants en première année de génie civil et de génie des eaux dans le développement de leur qualité de résolution de problèmes. Ce mentor virtuel comprenait une série d’exercices, tous orientés vers l’accomplissement d’une tâche unique, dans le but de favoriser la maîtrise des étapes de résolution de problèmes. L’idée d’un essai sur l’évaluation postproduction de ce logiciel mentor est née durant la réalisation celui-ci. Les conclusions du projet ramènent à l’importance d’assurer une bonne analyse en amont d’un tel projet et d’utiliser les ressources adéquates pour en favoriser la réalisation.
Mots clés
Ingénierie pédagogique; mentorat virtuel; E-mentorat; résolution de problèmes
Résumé long
Introduction
La volonté de favoriser le développement d’une compétence bien importante en ingénierie, qu’est la capacité à résoudre des problèmes, est à l’origine de la mise en place de ce projet d’ingénierie pédagogique. Un outil entièrement virtuel d’accompagnement au développement de la compétence de résolution de problème a donc été créé par la collaboration d’une équipe multidisciplinaire.
Définition du E-Mentorat
La littérature présente généralement le e-mentorat, le mentorat en ligne ou le mentorat virtuel, comme une relation de mentorat standard, mais dont les échanges entre le mentor et son mentoré se font par le biais des technologies de l’information. Cependant, dans le cas qui nous concerne actuellement, le mentor et le moyen de communication ne font plus qu’un. En effet, le logiciel produit assure lui-même la rétroaction ainsi que le moyen de la communiquer. Le caractère non humain du mentor, non couvert dans la littérature consultée et qui porte ici les appellations de « logiciel mentor » ou de « mentor virtuel », apporte son lot de limites quant aux fonctions que doivent normalement assumer les mentors dans une relation de mentorat à distance, tel que : l’enrôlement, l’orientation, la réduction des degrés de liberté, la stimulation du travail métacognitif, le contrôle des frustrations et la présentation de modèles.
Le projet
Ce projet de mentor virtuel cherchait à accompagner les étudiants dans le développement de leur qualité de «résolution de problèmes» tel que proposé par le BCAPG[1]. Cet outil devait proposer un encadrement individualisé équivalent à ce qui est offert en séance de dépannage, mais durant lequel l’étudiant est guidé à son rythme, au gré des étapes de la résolution de problèmes et de ses besoins. Pour y arriver, le projet s’est découpé en cinq étapes. Tout d'abord, 1) la conception pédagogique s’est faite par le biais d’experts de contenus. En se basant sur la déclinaison des quatre compétences composant cette qualité, l’équipe de conception a structuré le logiciel mentor de manière à découper chaque étape de la résolution de problèmes en une série d’activités visant à résoudre une situation problématique définie. Ils ont ensuite 2) assuré la conception technique du mentor virtuel en produisant l’arborescence des différents exercices pour chaque étape de la résolution du problème et en élaborant les différents éléments de la boîte à outils devant accompagner le logiciel mentor pour offrir une aide supplémentaire aux apprenants. L’étape suivante, soit 3) la production, a nécessité la sélection et l’apprivoisement d’un logiciel de programmation. Dans le cas présent, le logiciel auteur Articulate Storyline a été utilisé pour assurer la programmation du mentor virtuel parce que ce logiciel était déjà utilisé dans cette faculté. Le design visuel du mentor a, pour sa part, été développé par le graphiste du projet. L’équipe de réalisation s’est alors occupée de la production des différents éléments du mentor dont le logiciel pilote comprenant les différents exercices imaginés par l’équipe de conception et les différentes composantes de la boîte à outils. À la suite de la production et aux différentes améliorations apportées, 4) une phase test du mentor virtuel devait précéder la 5) rédaction du protocole décrivant la démarche.
Les recommandations
La recommandation majeure suite à ce projet est que, lors de la conception et de la production d’un outil de formation en ligne ou d’accompagnement virtuel, il est important d’utiliser les ressources selon leurs qualités et leurs capacités. Lors de la première phase de ce projet, deux auxiliaires d’enseignement, étudiant en technologie éducative, ont été sélectionnés pour apprendre le logiciel auteur et assurer l’intégration web du logiciel mentor. Il serait bénéfique, pour un projet de cette nature, de combiner les qualités d’architecte de formation des technopédagogues à l’expérience de terrain et aux savoirs théoriques des experts de contenu. De plus, assurer l’intégration web par des professionnels de ce domaine assurerait une programmation respectant davantage les besoins pédagogiques plutôt que les limitations d’un logiciel auteur.
Conclusion
Trouver de nouvelles méthodes pédagogiques orientées sur les réalités technologiques et professionnelles pour favoriser les apprentissages et surtout le développement de compétences n’est pas une chose facile. Ce travail demande de bien définir le moyen pour y arriver ainsi que les compétences ou les qualités à développer. La structure du mentor virtuel, son design graphique, la variété des exercices, la pertinence des rétroactions, la présence d’outils et de méthodes réutilisables sont autant de moyens mis en place, lors de la conception du logiciel, pour assurer le respect des différentes fonctions du mentorat. Bien qu’un immense travail d’architecture ait précédé la conception de l’actuel mentor virtuel, la démarche s’est confrontée à plusieurs limites techniques, financières et un manque de temps pour mener correctement un projet de cette envergure. Il serait intéressant d’ouvrir la porte aux notions d’intelligence artificielle et voir comment cette science pourrait améliorer ce projet de mentor virtuel pour éventuellement viser le tuteur virtuel qui pourrait lui-même apprendre par le biais de la relation.
Références bibliographiques
BAUDRIT Alain (2007), « Le tutorat, richesse d’une méthode pédagogique », Belgique, De Boeck.
CLUTTERBUCK David & HUSSAIN Zulfi (2010), « Virtual coach, virtual mentor », Caroline du Nord, Information Age Publishing, inc.
DALLE D., DENIS G., LACHIVER G., HIVON R., BOUTIN N et BOURQUE S. (2003), «L’apprentissage par problèmes et par projets en ingénierie, Nouveaux programmes de génie électrique et de génie informatique, Document d’information» Département de génie électrique et de génie informatique, Université de Sherbrooke.
DEPOVER C., DE LIEVRE B., PERAYA D., QUINTIN J.-J. & JAILLET A. (2011), « Le tutorat en formation à distance », Belgique, De Boeck.
DUBEAU Annie (2000), «Analyse de la démarche de résolution de problèmes d’étudiants en ingénierie civil», Mémoire présenté à la Faculté d’Éducation, Université de Sherbrooke.
[1] Bureau canadien d'agrément des programmes de génie