UNE EXPÉRIENCE DE BALADODIFFUSION EN SCIENCES POLITIQUES 

Florent Michelot

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Résumé court

Notamment depuis la multiplication récente des Massive Open Online Course (MOOC), la diffusion des enseignements au niveau postsecondaire a connu une nouvelle accélération. En partie grâce à cela, la baladodiffusion, qu’elle soit audio ou vidéo, connaît une seconde jeunesse. Celle-ci est aujourd’hui fréquemment employée pour le mobile learning, c’est-à-dire comme outil de prolongation des apprentissages en dehors des salles de classe. Cependant, l’usage de la baladodiffusion peut aussi être appréhendé de façon plus formatrice en l’incorporant à une évaluation authentique des apprentissages. Ainsi, nous verrons le potentiel de la création d’épisodes de baladodiffusion par des étudiants, en tant qu’outil de création de contenus dans une démarche intégratrice, dans le cas spécifique d’un groupe de sciences politiques.

 

Au cours des vingt dernières années, la conception du rôle de l’enseignement a cheminé à l’aune de l’implantation progressive de l’approche par compétence. Ainsi, Bérubé et Poellhuber relèvent que le profil de compétences établi par l’International Board of Standards for Training, Performance and Instruction (IBSTPI) soulignait, en 2003, l’importance de « la rétention et [du] transfert des connaissances et des habiletés [par] l’apprentissage et la performance à l’aide des techniques et des instruments non traditionnels ». Dix ans plus tôt, ce même organisme mettait plutôt l’accent sur les « habiletés et l’utilisation de techniques efficaces de questionnement » de la part de l’enseignant (Bérubé & Poellhuber, 2005). Pour cela, l’usage adéquat des TIC offre des opportunités heuristiques remarquables, y compris en sciences humaines.

 

Présentation du contexte et de la problématique

Chargé de cours au baccalauréat en sciences politiques, nous nous permettrons de nous arrêter préalablement sur le contexte d’apprentissage. Les sciences politiques recouvrent de nombreux champs d’expertise et d’intérêt, certains parlant même de métadiscipline, et cela se traduit dans le profil des apprenants : aux côtés des étudiants de sciences politiques (à peine un tiers de l’effectif) se côtoient souvent des étudiants en gestion publique, en urbanisme, en journalisme, etc. On comprendra qu’il en résulte une préoccupation quant à l’effort de synthèse au sein du groupe, synthèse qui devra satisfaire chacun d’eux, indépendamment de leurs profils. Toutefois, comment cet effort peut-il être dépassé dans le cadre de l’évaluation, si l’on considère que l’étudiant, soumis à une tâche authentique, devra développer des éléments de compétence qui font écho à son cheminement universitaire?

 

Origines de l’innovation

Nous avons pressenti la baladodiffusion comme disposant d’un fort potentiel intégrateur, car elle recouvre des éléments de compétence en gestion de projet, recherche ou encore rhétorique argumentative qui, peu ou prou, répondent à cette préoccupation de dépassement du cloisonnement des spécialités. Pourtant, si la littérature quant à l’usage de la baladodiffusion est assez large lorsqu’appréhendée sous l’angle du mobile learning (Caron, Caronia, & Weiss-Lambrou, 2007), donc comme un médiateur supplémentaire à la transmission univoque de connaissances, elle n’en reste pas moins confidentielle lorsqu’il s’agit de l’entrevoir comme une production de matière par les étudiants.

Il est important de spécifier que, si cette approche de la baladodiffusion répond à plusieurs autres objectifs que nous n’abordons pas ici, elle contribuerait principalement, selon nous, à structurer l’information des apprenants, par les apprenants et pour les apprenants. En outre, cette ressource permettrait aux étudiants de discuter et de partager leurs connaissances de manière asynchrone, tout en développant des habiletés nouvelles au contact de leurs pairs.

 

 Présentation de ses caractéristiques principales

Cette activité pédagogique a été conçue en tant que travail collaboratif, au terme duquel l’étudiant devrait être en mesure de discerner, de manière intégrée, les raisons qui sont sous-jacentes à un fait de l’actualité montréalaise, à l’aide du discours produit par l’un de ses acteurs, dans le cadre d’un épisode de baladodiffusion. Plus concrètement, le groupe devra donc planifier les différentes étapes de production d’une entrevue, certes selon un échéancier déterminé par l’enseignant, mais avec une large latitude d’exécution. L’activité a ainsi été pensée en tant que démarche intégratrice de fin de session. La coopération large dans laquelle nous inscrivons ce design mobilisera les connaissances et les compétences des autres étudiants du groupe, bien sûr, mais aussi des étudiants des autres groupes (dans l’évaluation formative), de l’enseignant (dans le guidage du projet) et, finalement, des acteurs montréalais (dans l’entrevue).

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