Margarida Romero Université Laval Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
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Valérie Dupont Edutechno / École Anne-Hébert Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
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Elisa Pazgon Corcordia University Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. |
Les élèves développent leur capacité à distinguer leur gauche de leur droite dès l’âge de trois ans environ. Cette capacité à identifier leur propres gauche et droite est différente à la capacité d’identifier la droite ou la gauche d’un objet externe ou d’une autre personne. Cette capacité de prise de perspective visuelle fait l’objet des recherches depuis l’épreuve dite «des trois montagnes» de Piaget et Inhelder (1948) dans laquelle les élèves sont engagés à décrire ce que l’élève devant eux visualise depuis sa perspective. Cette épreuve a été à l’origine de nombreuses recherches relatives à la décentration spatiale (Inagaki et al 2002). Cette capacité de prise de perspective gauchedroite décentralisée se développe progressivement avec une importante variabilité interindividuelle. L’étude de Rigal (1996) observe que la moitié des enfants d’onze ans continue à présenter des difficultés pour identifier correctement la gauche et la droite depuis une perspective externe. Cependant, nous pouvons observer des individus qui présentent des capacités très variables jusqu’à l’âge adulte sur leur capacité et leur rapidité à identifier la gauche et la droite de manière décentralisée.
Notre étude de recherche vise mieux comprendre la capacité de prise de perspective décentrée gauchedroitre des élèves du primaire. De manière spécifique nous visons deux objectifs de recherche. Tout d’abord, nous visons à évaluer la capacité de prise de perspective décentrée gauchedroite par le biais d’une activité développée par Edutechno (Dupont, 2016). Le deuxième objectif est d’analyser l’effet d’une activité de mathématique kinesthésique et programmation débranchée visant les déplacements dénommée ‘Programmation de notre ami robot’ (Romero & Vallerand, 2016) suivie d’une activité de robotique pédagogique qui engage les élèves dans la planification d’un déplacement qui requiert identifier si le robot doit tourner à droite ou à gauche. L’usage d’un robot pédagogique de type automate dénommé BeeBot permet engager les élèves dans une activité de planification du déplacement par rapport à un parcours prédéfini. Le robot Beebot peut faire des déplacements en avant, en arrière, à droite ou à gauche. Les déplacements en avant et en arrière font avancer le robot d’une unité de 15 cm. Le fait de tourner à droite ou à gauche se fait sur l’axe de référence du robot, sans avancer ni reculer. Les élèves sont engagés à programmer le déplacement sur une figure carrée de 30 cm2. Pour cela ils doivent programmer l’avancement de deux unités puis tourner à droite. Cette séquence doit se répéter quatre fois. Si la séquence est identifiée de manière intuitive par les élèves avec une haute capacité de décentration, un nombre important d’élèves présentent des difficultés sur la tâche. Nous avons évalué la capacité de décentration des élèves d’une école de Québec âgées d’entre 6 et 7 ans. Un total de 22 élèves, dont une majorité de droitiers et deux gauchers ont participé aux activités d’évaluation de la capacité de décentration gauchedroite par le biais d’une activité d’identification des objets à droite ou à gauche d’un personnage fictif (un gnome). Les résultats des activités en pretest avant la réalisation de l’activité de robotique pédagogique BeeBot montrent une réussite de l’activité décentrée de 60% et après l’activité Beebot de 62%. Les résultats montrent un résultat très similaire entre le pretest et le posttest ne permettant pas, à ce stade, attribuer un effet à l’activité de robotique pédagogique. Cependant, les élèves ont pris conscience des erreurs par le biais des rétroactions fournies par l’enseignante du cours. Les résultats sont assez similaires aux résultats observés par Rigal (1996) et vont permettre de continuer d’explorer les effets des activités visant la prise de conscience de la décentration avec des activités papier et des activités qui mobilisent les stratégies de cognition incarnée par le biais des activités de mathématique kinesthésique et la planification des mouvements décentrés d’un robot pédagogique.
Références
Dupont, V. (2016). Activité ‘Se déplacer dans un plan’. Disponible sur Edutechno http://edutechno.ca/
Inagaki, H., Meguro, K., Shimada, M., Ishizaki, J., Okuzumi, H., & Yamadori, A. (2002). Discrepancy between mental rotation and perspectivetaking abilities in normal aging assessed by Piaget's threemountain task. Journal of Clinical and Experimental Neuropsychology, 24(1), 1825.
Piaget, J., & Inhelder, B. (1948). La représentation de l'espace chez l'enfant. Paris: Presses univ. de France.
Rigal, R. (1996). Rightleft orientation, mental rotation, and perspectivetaking: When can children imagine what people see from their own viewpoint?.Perceptual and motor skills, 83(3), 831842.
Romero, M., & Vallerand, V. (2016). Guide d’activités technocréatives pour les enfants du 21e siècle (Vol. 1). Québec, QC: